La semaine dernière, c’était la Semaine mondiale pour l’accouchement respecté.
Des droits et des choix durant l’accouchement, qu’est-ce que cela veut dire concrètement lors du moment venu? Pour certaines c'est très clair. Pour moi, ça ne l’était pas lors de mon accouchement. Je l’ai compris avec le temps et en le vivant. Maintenant, je le rappelle plus d'une fois durant les cours prénataux. Et quand je rencontre une femme qui a donné naissance et qui a besoin de le raconter, et bien je prends le temps de l'écouter avec accueil, ouverture et respect. Le sentiment d'être écouté apaise plus qu'on le pense. S’il y a bien un évènement qu’on se rappelle pour toute notre vie, c’est bien de son accouchement et de la naissance de son enfant. Avec les années, j’avoue que certains moments commencent à être flous, que mes souvenirs se portent sur des moments ciblés ou que mon feeling change sur l’ensemble de mon expérience. Par exemple, si tu me demandes si ça été long? Je dirais que « non », je t’expliquerais que ma phase de latence fut très longue, qu’elle se compte en terme de journées, mais qu’après ce fut rapide. Si tu me demandes si ça fait mal? Je te dirais que je me rappelle davantage du mal de dos que j’avais, que de mes contractions et que ça bien passé. Si tu me demandes si mes choix ont été respecté? Je te dirais que « non ». Et ce qui me reste quatre ans plus tard, outre la joie immense d’avoir donné naissance, d’avoir rencontré mon fils et d’avoir été au bout de moi-même, c’est cette sensation de ne pas avoir été respectée et surtout que je ne me suis pas respectée moi-même. Comme plusieurs femmes et couples j’avais fait un souhait (plan) de naissance en nommant comment j’aimerais vivre l’accouchement, les interventions que je souhaitais et celle que je que je ne voulais, ou du moins que j’aimerais qu’on me demande mon avis! Ok, j’avoue que je ne soupçonnais pas la portée de certaines interventions tant sur le plan physique, psychologique et émotionnelle. Je faisais des choix, sans nécessairement savoir ce qu’ils représentaient vraiment, jusqu’à temps j’imagine que ça ne soit plus un choix. Parce que la différence est là. Est-ce que c’était un choix, un faux choix à la limite ou une décision imposée sur mon corp?. Tsé la sensation qu’on ne te demande pas ton avis, et pourtant tu es la personne concernée. Quand je repense à mon accouchement, l’équipe médicale était vraiment super. Elle a lu mon souhait de naissance, elle a travaillé dans le même sens, elle m’a encouragé quand je n’avais plus la force, bref j’étais vraiment en confiance. Au moment de la poussée, il y a eu un changement de médecin. L’hôpital appelle un médecin pour venir m’assister lors de la poussée, « ça ne sera pas long, il s’en vient, il habite tout près », qu’on me dit. Oups, retiens toi de pousser! Facile à dire! Il arrivera à temps finalement. Clairement, il habitait vraiment proche. Il ne me connaissait pas, il ne savait pas ce que je voulais ou pas. Il venait d’arriver dans l’histoire et ça faisait déjà dix heures qu’on avait commencé à l’écrire. Je me souviens encore de ces mots : « je vais couper pour donner de la place au bébé ». Il m’a fait une épisiotomie. Et moi j’en voulais pas. Pis ce qui me touche encore quand j’y repense, c’est que je n’ai pas été capable de rien dire. Que je l’ai laissé faire. Tsé ce sentiment qu’on nous impose quelque chose, qu’on nous fait quelque chose et qu’on reste en silence, trop paralysée pour parler et sans savoir quoi dire. Il y avait ma voix dans ma tête qui disait « non j’en veux pas », mais elle ne sortait pas de ma bouche. Cette sensation qu’on décide pour moi, qu’on ne respecte pas mon choix, qu’on ne me demande pas mon avis, qu’on me fait subir quelque chose que je ne veux pas. Que ça soit son métier ou non, j’te dis qu’avoir les jambes écartées devant une personne nous amène à vivre un sentiment d’une grande vulnérabilité. Je pense que ça serait la moindre des choses que la femme soit consultée à ce moment. Et après, que c’était la chose à faire ou pas, ça m’importe peu. Bin oui mon bébé est sorti, mais mon sentiment de ne pas avoir été respecté lui, il est resté. Ce sentiment qu’on a fait subir à mon corps une intervention qu'il ne voulait pas. Ce sentiment qu’on m’a coupé, charcuté, dans une partie de mon intimité. Ce sentiment qu’on m’a enlevé un peu de mon pouvoir cette journée. Cette impression qu'on ne m'a pas demandé la permission. Parce qu’une intervention comme celle-ci laisse des traces physiques, psychologiques et émotionnelles. Le temps en répare certaines, la réappropriation de son corps aide et le respect de soi aussi. Et surtout, parce qu’il faut en parler et aller chercher l’aide au besoin. Cette cicatrice fait maintenant partie de mon histoire et quand j’en parle, je reprends le pouvoir sur mon corps. Josiane xxx
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AuteureJosiane, fondatrice du repère familial, s'amuse à venir écrire des petits ou longs textes, sur des sujets variés. CollaborationDes personnes merveilleuse qui partagent un bout de leur vie, de leur cœur, avec le repère familial. Les textes l'indiquent lorsque c'est une collaboration. Archives
Septembre 2021
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