Quand on parle de stress, on dit que la mémoire enregistre davantage les évènements qui ont été les plus stressants ou du moins avec une forte charge émotive.
Tu arrives bientôt à tes quatre ans et je me rappelle encore exactement ton deuxième jour de vie. Pourquoi? Parce qu'à ton deuxième jour de vie, c'est là que je suis née ... une autre fois. Ce fut ma naissance, en tant que maman, TA maman. Du moins, c’est là que je l’ai réalisé. Pis ce fut ma première jambette dans mon cœur de maman et le premier stress dans notre histoire. À l'hôpital, avec le rush des derniers jours, ma période de latence qui ne semblait jamais se terminer, l'accouchement et nos premiers moments collés ensemble, j'étais un peu comme dans une bulle. Pas une bulle de ouate, non, non, mais un genre d'espace-temps non-défini. Il venait de se passer tellement pleins d’affaires en l’espace de 48 heures. Un moment j’étais enceinte, tu étais à l’intérieur de moi et le moment d’après, mon ventre était vide et tu étais là à mes côtés. Je me souviens encore, tu es arrivé au petit matin tout calme, avec tes grands yeux qui me scrutaient déjà. Un cri, il n'y a eu qu'un seul cri pour signifier ta présence et après ce fut le calme. En observateur que tu étais déjà, tu regardais ce qui se passait. Tu as bu et tu as dormi ... beaucoup dormi. Au point, où je me suis même dit "Ah ce n’est pas si pire finalement, un nouveau-né, il dort des six heures". OH MY GOD que j'étais naïve et tellement mal préparée à vivre le reste. Le lendemain matin, on m'a donné le Go pour sortir, mais pas toi encore. God que c’était interminable !! Ce n'est que tard le soir que j'ai appris qu'on trouvait que tu ne buvais pas beaucoup. Tu n’étais pas encore un champion de la prise au sein. En fait tu aimais surtout boire et t’endormir. Les infirmières étaient gentilles, mais avec l’abondance des conseils, j’étais surtout plus mélangée. Alors j’ai appelé mes précieuses amies, qui ont su m’écouter et me redonner confiance. Je voulais tellement partir, retourner à la maison, dormir dans mon lit. Me semble qu'elle était là notre place. Pas ici dans une chambre d'hôpital. Il devait être 21h30 quand on a eu le Go pour enfin partir tous ensemble. C'était un soir de tempête, on nous suggérait de rester, mais je voulais telllllllement partir. Comme si j’étais impatience de commencer pour de bon notre vraie vie. Mettre un terme à cet entre-deux d’hôpital. En passant les portes de la maternité, j'ai eu des frissons, c'était fini. OUF! Une partie de moi y restait et la vraie patente commençais. Je ne savais pas plus c’que c'était, mais à ce moment-là j'avais confiance. Le transport en voiture a semblé une éternité. Ton père roulait tellement lentement, c'était notre première ride à trois. Quand je suis entrée dans la maison, c'est là que j'ai émergé de tout ce qui venait de se passer. J’ai réalisé, que j’étais partie de ma maison enceinte de 40 semaines, et que là je revenais à la maison en étant maman. Entre les deux, il y avait eu l'accouchement. Ta naissance. Ma naissance de mère. Et la naissance de notre famille. Ce soir-là, je ne savais pas que ça allait être siiiiiii intense. Que tu allais vouloir être aux seins à toutes les heures. Que j’allais penser que je n’avais pas ce qu’il fallait pour t’allaiter. Que je ne comprendrais pas pourquoi on vivait tout ça? Pourquoi tu ne dors plus pendant six heures? Pourquoi tu ne veux pas être déposé dans ton berceau (il était tellement beau en plus)? Pourquoi tu ne voulais que mes seins? Pourquoi tu pleurais (toi qu'on n'avait presque pas entendu jusqu'à maintenant)? Pourquoi tout d'un coup je ne savais pas quoi faire? Pourquoi, ON ne savait pas quoi faire? Pourquoi je me sentais si stressée? Si incompétente? J’suis ta mère et je ne sais même pas quoi faire. Ce n’était pas supposé être instinctif c’t’affaire là? En te voyant, je ne devais pas savoir quoi faire? Pourquoi j'avais l'impression de ne pas répondre à tes besoins? Pourquoi ce n'était pas comme dans les livres? Comme je me l’étais imaginé? Moi qui avais passé sa vie dans la théorie, j'embarquais pour vrai dans la pratique, avec une confiance ébranlée et le cœur envahi de doutes. Cette petite voix, cette intuition je ne l’entendais pas, j’avais perdu tous mes repères. En fait, je ne sais même pas si j’en avais vraiment des repères. Je commençais à peine à être mère. J’avais beau avoir lu plein de livres, c’est quand même juste en t’ayant dans mes bras, que je devenais ta mère. Bien cachée au fond de moi, ensevelie par des « il devrait », « ça devrait être comme ça » et tout plein de beaux principes, que mon intuition trouvait refuge. Ce n’est que des jours plus tard, à force de crier de plus en plus à l’intérieur de moi, que cette petite voix a pu émerger et que je me suis permise de l'écouter. Avec elle, est venue la confiance, le sentiment de compétence et l'impression de répondre à tes besoins. Avec elle, s’est estompé mon stress, mes doutes et mes inquiétudes. Ce n'est que des mois plus tard, à coup de formations sur l'allaitement, sur le 4ième trimestre ou sur les premiers jours de bébé, que j'ai compris ce que j'avais vécu, ce qu'on avait vécu. J'ai compris qu'en voulant retrouver tes repères utérins, moi je perdais les miens. C’est là que j’ai réalisé … qu’en se laissant le temps on s'en fait des nouveaux et qu'on retrouve son équilibre. Love Josiane xxx
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AuteureJosiane, fondatrice du repère familial, s'amuse à venir écrire des petits ou longs textes, sur des sujets variés. CollaborationDes personnes merveilleuse qui partagent un bout de leur vie, de leur cœur, avec le repère familial. Les textes l'indiquent lorsque c'est une collaboration. Archives
Septembre 2021
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